Nombreux sont ceux qui s’interrogent sur l’utilité d’imposer aux élèves de médecine de 1ère année des conditions d’études aussi stressantes.
La 1ère année (pour ne parler que d’elle car ce n’est pas mieux après!) se résume à un énorme gavage de connaissances pas toujours utiles pour la suite qu’il faut mémoriser en très peu de temps.
Comme si ça ne suffisait pas, l’étudiant en médecine est ensuite jugé à l’aune de 5 minuscules épreuves QCM de 30 minutes chacune !
Pourquoi imposer autant d’efforts de mémorisation si l’épreuve finale se contente de ne vérifier que 10% au maximum de tout ce qui a été appris?
Parce que c’est un concours, pas un examen !
L’épreuve de sélection de LAS1 ne vise qu’à sélectionner 20 à 25% d’une promotion d’étudiants selon des critères qui sont propres au métier de médecin : savoir faire des choses compliquées, vite, bien et sous pression. Comme un médecin urgentiste par exemple.
Dans le fond c’est plutôt bien fait : on doit trouver des futurs médecins, pas des futurs ingénieurs!
Pour sélectionner un ingénieur, on lui impose une épreuve de 4h dans laquelle il doit résoudre une situation problème en le guidant plus ou moins selon le niveau de difficulté : en prépa scientifique, les épreuves les plus courtes sont souvent les plus difficiles !
Bref, en médecine, ce n’est pas la note qui compte, c’est le classement. Lors des épreuves du 1er semestre, les 30 premiers de la promotion (ceux qui ont donc des chances raisonnables de finir médecin à la fin) ont des moyennes générales qui démarrent à 8/20!
Mais si vous pensez que, comme les étudiants de prépa scientifique ou commerce, vos souffrances s’arrêtent après votre année de prépa, détrompez vous : ce n’est que le début !
Une fois accepté en 2ème année, les épreuves continuent pour les étudiants de médecine.
Dans un article intitulé « Ah c’est dur les études de médecine », un ancien étudiant partage son expérience personnelle sur ce que fut son parcours avant de devenir médecin.
Il confirme que les informations apprises avec tant de difficultés en 1ère année sont rarement sollicités par la suite.
Plus tard, les stages en milieu hospitalier, censés être des moments d’apprentissage pratique, se révèlent souvent décevants. L’auteur décrit des situations où les externes sont ignorés ou humiliés lors des visites médicales. Les après-midis sont parfois creux, les externes n’ayant pas de tâches significatives à accomplir, mais devant néanmoins rester pour « faire leurs heures ».
Il évoque des moments de découragement profond, où l’accumulation de fatigue et de stress conduit à des pensées négatives. Cette souffrance est souvent tue, les étudiants préférant afficher une façade de résilience plutôt que de montrer leur vulnérabilité.
Dans cet article récent de l’Etudiant, une enquête révèle ainsi que la moitié des étudiants de médecine présente des « symptômes anxieux », que 27% sont clairement dans un état dépressif et que de manière générale, 2/3 des étudiants de médecine se considèrent en état de burn-out.
Toutes ces épreuves semblent difficiles à concevoir dans une société aussi centrée sur la bien-être personnel et il est clair que les étudiants subissent aussi à leur niveau les difficultés d’un système de santé au bord de l’implosion.
Mais il faut comprendre que ces difficultés font AUSSI partie de la formation du futur médecin qui a fait le choix d’un métier difficile où il sera souvent amené à côtoyer la mort et une souffrance indicible que le reste de la société préfère ignorer.
Médecin, c’est un métier intéressant qui offre la garantie d’un emploi bien rémunéré et d’une gratification sociale. Mais ça reste avant tout une vocation…